BORDEAUX HUMEURS LES GENS DU VIN

Denis Dubourdieu : un grand de l’oenologie s’est éteint

Denis Dubourdieu nous a quittés aujourd’hui 26 Juillet. Grand contributeur à l’oenologie des vins de Bordeaux et tout particulièrement des vins blancs, il a formé des générations d’oenologues, de vignerons et de dégustateurs qui ont « bu » ses paroles en cours et en conférences, tant il savait capter leur attention, avait l’éloquence facile et séductrice et la compétence immense. 

Une triple casquette

Professeur de l’Université de Bordeaux reconnu mondialement, il était également consultant pour de grandes propriétés (Château d’Yquem, Château Cheval Blanc, Château Lafaurie-Peyraguey, Château Margaux, …) et bien évidemment vigneron (Château Doisy-Daëne, Clos Floridène, Château Reynon, Château Cantegril et Château Haura, soit 135 hectares de vignobles en appellations Sauternes, Graves et de Cadillac Côtes de Bordeaux).

Une vie au service du vin

Ses débuts, il les a fait au milieu des rangs de vigne, né à Barsac en 1949 de parents propriétaires viticoles : il était le fils de Pierre Dubourdieu qui a lui-même marqué le Sauternais pour son apport aux vins de Sauternes.

Il fera ainsi des études d’ingénieur agronome et en 1982, il passe une thèse de doctorat qui porte sur la composition macromoléculaire des vins liquoreux. En 1987, il devient professeur d’œnologie à l’Université de Bordeaux, travaillant à des recherches sur les levures, sur les arômes et les colloïdes.

Denis Dubourdieu est décédé

Une reconnaissance internationale

Considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la vinification et de l’élevage des vins blancs, il a publié (avec Pascal Ribéreau-Gayon disparu en 2011), un « Traité d’oenologie » (chez Dunod). Nommé Directeur Général de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) à sa création en 2009, il venait de recevoir, en avril dernier, la Légion d’honneur et avait été distingué par le magazine « The Decanter » en tant qu’homme de l’année 2016 pour « son extraordinaire contribution au monde du vin depuis des décennies ».

Un homme de pédagogie hors pair

Au-delà du scientifique et de l’homme du vin, Denis Dubourdieu était d’abord un homme curieux, enthousiaste, sachant et aimant faire partager ses connaissances. Il a formé des générations d’étudiants qui se souviennent non seulement comment il a su les intéresser aux phénols et leur faire comprendre les arcanes de la vinification des vins blancs, leur faire partager les dernières découvertes des chercheurs de son laboratoire – comme en 2002 le benzenemethanethiol (molécule de l’arôme pierre à fusil), et dans le même temps, leur faire découvrir les vins blancs du monde, ne mâchant pas ses mots sur la plus grande complexité des vins blancs des zones septentrionales.

Ce partage de connaissances, il y prenait plaisir, transformant ses cours en petits moments de spectacle où son sourire, ses yeux pétillants et l’absence de langue de bois savaient retenir l’attention de ses étudiants, oenologues, dégustateurs ou vignerons.

Denis Dubourdieu est mort

Les vins qu’il aimait faire et déguster

Dans le livre d’entretiens avec Gilles Berdin, « Autour d’une bouteille avec Denis Dubourdieu : L’oenologie dans tous ses états », Denis Dubourdieu donne sa vision du vin qu’il aime : « J’aime les vins sensibles et poétiques qui entrent en résonance avec la sensibilité des dégustateurs, qui ouvrent des portes de leur inconscient inconnues d’eux… et encore plus de moi ! J’oppose ces vins sensibles aux vins d’orgueil, faits essentiellement pour flatter l’ego de celui qui les produit et plus encore de ceux qui les achètent. »



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