BORDEAUX LES GENS DU VIN TECHNIQUE

Kees Van Leeuwen, l’homme qui voulait tout savoir de la vigne

Kees Van Leeuwen, l’homme qui voulait tout savoir de la vigne

Kees Van Leeuwen est Professeur de Viticulture à Bordeaux Sciences Agro. Homme de la vigne et du vin donc. D’origine hollandaise, ce chemin dans le vin n’était pas tout tracé. Il nous en raconte les étapes et ce qui l’a inspiré. Invitation à découvrir un homme qui place la vigne à l’origine du vin …

Une passion partagée avec son père

Hollandais d’origine, le chemin de Kees Van Leeuwen dans le monde du vin n’était pas évident. Et pourtant ! Très jeune, c’est une passion que son père a su partager avec lui qui amène Kees Van Leeuwen au vin. Ce père amateur de vin l’initie à la dégustation du vin.

Une formation d’oenologue pour pouvoir écrire sur le vin et être crédible

En grandissant, souhaitant voyager, Kees imagine faire son métier de la dégustation du vin, en devenant journaliste et écrivain du vin. Mais il a conscience qu’à 18 ans, il n’est pas crédible. Il décide donc de compléter ses connaissances oenologiques. Il découvre alors la formation d’oenologue et s’inscrit en première année à la Faculté d’Oenologie de Reims, plus près de la Hollande que Bordeaux.

Deux prises de conscience importantes

Sa seconde année de DNO (Diplôme National d’Oenologue), il la fera à Bordeaux. Au cours de ses stages de vinification, il découvre peu à peu que faire du vin c’est « bien plus amusant que de déguster et écrire sur le produit ». Il abandonne donc, chemin faisant, l’idée du journalisme.

Autre choix de vie induit dont Kees prend peu à peu conscience : cette plongée dans le monde technique du vin qu’il est en train de faire va lui fermer la possibilité d’un retour professionnel au pays où il y a peu de vignes, la Hollande étant plus réputée pour ses fromages et ses tulipes que pour ses vins.

Cornelis Van Leeuwen, homme de la vigne et du vin

L’important c’est … la vigne

En vinifiant, Kees Van Leeuwen comprend de même que « le secret de la qualité n’était pas tant dans la vinification, les cuves inox et les belles barriques mais que la qualité était déjà inscrite dans le raisin quand il rentrait dans le cuvier ». Il décide alors de compléter sa formation en viticulture tout d’abord à Dijon, ce qui lui donne l’occasion de découvrir la Bourgogne (après la Champagne et le Bordelais), revenant ensuite la terminer à Bordeaux.

De vignes en sols, et la boucle est bouclée

Le professeur Gérard Seguin, de la Faculté de Bordeaux, lui propose alors une thèse sur les sols viticoles, thèse qu’il fera sur les sols de Saint-Emilion : « L’influence des sols de Saint-Emilion sur la qualité », avec un focus spécial sur le régime hydrique de la vigne, facteur fondamental de la qualité. Trois ans de recherche dans le cadre de sa thèse qui donneront à Kees une connaissance très exhaustive des sols viticoles et des éléments qui concourent à la fabrication d’un vin.

Le travail sur le vignoble

Une fois son doctorat en poche, Kees van Leeuwen a un profil correspondant à l’enseignement et la recherche, ce qui l’intéresse. Cependant la rareté des postes et la spécialisation à laquelle il est alors arrivé ne permettent pas d’envisager cette opportunité aussitôt.

Il se tourne alors vers le privé. Venant de faire sa thèse sur Saint-Emilion, il y contacte plusieurs propriétés. Il acceptera la proposition de Pierre Lurton, alors jeune directeur du Château Cheval Blanc (nous sommes en 1992 et Pierre Lurton est Directeur de Château Cheval Blanc depuis environ six mois). Celui-ci se déclare intéressé d’abord en remplacement du chef de culture puis en suivi expert du vignoble de Cheval Blanc.

Pour Kees Van Leeuwen, l’enseignement, la recherche et consultant expert

En 1996, l’opportunité recherchée d’un poste d’enseignement apparait pour Kees Van Leeuwen, avec la création d’un poste de Maître de conférence en viticulture à Bordeaux Sciences Agro (qui s’appelait à l’époque l’ENITA de Bordeaux).

Très attiré par l’enseignement supérieur et la recherche, et bien que le choix n’ait pas été simple pour Kees Van Leeuwen de quitter Cheval Blanc, il saute le pas. Modestement, il dit avoir eu beaucoup de chance que Pierre Lurton lui demande alors de continuer en tant que consultant, lui dont la grande expertise n’est plus à prouver. On peut penser que Pierre Lurton a eu un jugement aiguisé sur l’expert qui collabore encore avec lui à ce jour.

Son moteur : comprendre les facteurs qui font la qualité du vin

Sa passion : la recherche de la compréhension de ce qui va faire les différences entre deux vins, différences de qualité, de style, de typicité, sur une même parcelle, sur des sols différents, entre deux millésimes… Essayer par l’étude des différences, de s’approcher au plus près, au plus fin, de l’appréhension du meilleur fonctionnement possible des sols, de la vigne et des échanges entre eux, et cela dans un seul but : produire la plus belle qualité de vin !

Kees Van Leeuwen se dit par ailleurs très chanceux de pouvoir à la fois faire cette approche théorique avec la recherche et pouvoir l’appliquer avec l’approche terrain qu’il peut avoir au Château Cheval Blanc.

La recherche, le terrain et l’enseignement

Kees Van Leeuwen se veut un professionnel de la vigne et du vin comblé, ayant l’opportunité de faire les recherches qui le passionnent sur les éléments qui concourent à la qualité des vins, d’en voir les effets et de les étudier sur le terrain dans un des plus beaux vignobles, et ensuite de pouvoir transmettre ces connaissances en évolution perpétuelle à ses étudiants et aux professionnels en formation continue qui suivent ses cours dans le cadre de Bordeaux Sciences Agro.

Car pour lui, il est important de rappeler que le vin n’est pas fait que de thermorégulations, enzymes, et procédés oenologiques, mais que la qualité commence au vignoble avec la sélection des parcelles, des porte-greffes, des cépages, et que dans ce métier, on est aussi agriculteur !



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