HUMEURS LANGUEDOC-ROUSSILLON TECHNIQUE VIGNE
Menace sur les cépages oubliés du Domaine de Vassal
Quand on parle du Domaine de Vassal, on parle d’un lieu unique, à la fois par le terroir et par les variétés de cépages qui y sont conservées et répertoriées, pour un grand nombre oubliées, issues de l’ensemble du monde, qui y sont rassemblées, au bord de la Méditerranée. Entre l’étang de Thau et la plage de Marseillan, dans l’Hérault, les 27 hectares de terroir sableux du Domaine de Vassal abritent le vignoble le plus diversifié du monde : près de 4.000 cépages différents y cohabitent.
Aujourd’hui, cette collection unique au monde est menacée par un projet de délocalisation qui entraînerait au minimum la perte de cépages en pieds francs, puisqu’ils devront être surgreffés pour faire face au risque phylloxérique. C’est donc un véritable patrimoine historique de la biodiversité viticole qui risque de disparaître.
Aux cépages oubliés !
C’est une véritable menace qui pèse sur le Domaine de Vassal, ce conservatoire des cépages, unique, irremplaçable, gardien de cépages du monde entier, en pieds francs. Plantés sur un terroir de sables exempt de risque de phylloxéra, ils risquent de disparaître en l’état avec la délocalisation envisagée.
La raison en serait le coût du contrat de location par le Groupe Vranken-Pommery, propriétaire, avec sans doute des enjeux forts sur cette zone exceptionnelle entre mer et étang. L’Inra voulant réduire son loyer, l’État envisage de déménager la collection sur un autre site qui pourrait être celui de l’Inra de Pech Rouge (Gruissan – Aude). La décision devrait être connue d’ici la fin de l’année.
Le directeur du site de Vassal de l’INRA évoque, en outre, pour justifier cette délocalisation, le risque de montée des eaux.
Aujourd’hui, la menace est bien réelle de voir disparaître des cépages en pieds francs puisque leur délocalisation entraînerait un sur-greffage pour éviter le risque phylloxérique. Une pétition est en cours …
Le Domaine de Vassal : un lieu unique, un conservatoire des cépages
Quand on parle de Vassal, on parle bien d’un lieu unique, à la fois par le terroir et par les cépages qui y sont conservés et répertoriés. Ce sont des variétés de cépages issues de l’ensemble du monde qui sont ainsi rassemblées dans ce lieu unique, au bord de la Méditerranée. C’est en effet entre l’étang de Thau et la plage de Marseillan, dans l’Hérault, que les 27 hectares de terroir sableux du Domaine de Vassal abritent le vignoble le plus diversifié du monde : près de 4.000 cépages différents y cohabitent.
Le Domaine de Vassal est né à Marseillan-Plage, à la limite de Sète, sur un cordon littoral sableux aussi appélé « lido », qui sépare la Mer Méditerranée de l’étang de Thau, en 1949-1950 de l’initiative du Professeur J. Branas qui était alors en charge de la Chaire de Viticulture de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier. En effet, à la fin de la guerre, les collections nées d’une initiative de la fin du 19ème (1876), étaient vieillissantes et en mauvais état (état sanitaire dégradé par le court-noué notamment) et implantées sur un site menacé par l’urbanisation.
L’exception de ce terroir de sables
Le transfert a donc été planifié vers un site présentant des garanties sanitaires suffisantes. Le Domaine de Vassal où les ceps de vigne prennent pied dans le sable permettait d’éviter tout risque de contamination phylloxérique. Ces sables dunaires d’origine marine, contenant moins de 1% d’argile, sont indemnes de deux agents responsables de deux graves maladies de la vigne : la forme radicicole du phylloxéra et le nématode ectoparasite Xiphinema index, vecteur des virus du court-noué (GFLV et ArMV).
Il est donc possible d’y cultiver la vigne franche-de-pied, c’est à dire sur ses propres racines, sans porte-greffe. On évite ainsi les risques de transmission de ces viroses et les troubles que pourraient apporter le greffage et le porte-greffe.
Il est également possible, contrairement aux autres types de sols, d’arracher des souches, des rangs ou des parcelles et de replanter aussitôt après, sans désinfection du sol. Cet aspect facilite la gestion des collections et notamment l’introduction de nouveaux matériels végétaux. Ces conditions sont essentielles et justifient son implantation sur ce cordon littoral.
Une histoire dont l’origine remonte au phylloxéra
Ce projet d’exception démarre en 1876, suite à l’apparition du phylloxéra, pour voir son existence confortée après la 2ème guerre mondiale, à compter de 1949. Mise en place à l’origine par G. Foex à l’École d’Agriculture de Montpellier (aujourd’hui Montpellier SupAgro) pour permettre de trouver une solution durable à la crise phylloxérique, la collection a été peu à peu enrichie de dons du Jardin Botanique de Montpellier, du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, du Jardin Botanique du Grand Parc à Lyon, de l’École de Beaune, de l’École d’Antibes, et d’autres centres Inra, ou instituts de recherche étrangers, de collections privées ou échanges avec d’autres pays viticoles, etc. Le Domaine de Vassal a vu ainsi son matériel végétal grandement enrichi, identifié, caractérisé et les collections structurées.
Mobilisation pour la biodiversité viticole : une pétition, une lettre aux ministres, …
Aujourd’hui, il y a une mobilisation pour la conservation de cette biodiversité viticole historique et mondiale que représente Vassal. Une pétition est en cours à laquelle chacun peut contribuer.
Car en effet, Vassal représente non seulement l’histoire des cépages et de leur biodiversité, permettant de remonter à l’origine de tel ou tel, mais son rôle de gardien en fait surtout un acteur essentiel du futur d’une viticulture qui pourra continuer à être riche de la diversité de ses cépages, évitant une standardisation imposée. Aujourd’hui, c’est ce choix que la pétition veut conserver, le choix de la biodiversité pour permettre des choix futurs qui n’existeront plus avec la délocalisation de Vassal.
Une lettre a été adressée au Ministre de l’Agriculture et au Ministre de la Recherche, en vue de pérenniser la collection sur le site actuel ou avec la mise en place de conditions favorables à la sauvegarde de l’ensemble de la collection sur un site exempt de phylloxéra, avec la création d’une fondation pour la sauvegarde du patrimoine ampélographique français.
Ce même sujet a fait l’objet de communications aux Rencontres des cépages modestes les 9 et 10 novembre derniers, et de même prochainement au Salon des Vignerons Indépendants le 29 novembre à Paris, où les parlementaires ont été conviés.
Un patrimoine historique mondial à classer
Les études menées à Vassal portent à la fois sur la botanique et la génétiques, les espèces y faisant l’objet d’analyses de leurs marqueurs moléculaires, permettant le recensement du profil génétique de l’intégralité de la collection, « un travail colossal de dix ans », reconnaît Thierry Lacombe, directeur scientifique de Vassal.
La conservation de ce patrimoine est le gage de possibilités qui restent ouvertes pour l’avenir, pour les futures générations de viticulteurs. Alors que la viticulture semble peu associée aux décisions en cours sur le Domaine de Vassal, la viticulture d’aujourd’hui est pourtant partie prenante intéressée à la conservation de ce patrimoine génétique qui peut être à l’origine d’améliorations variétales futures, sans avoir forcément recours à des OGM.
Dans cet esprit, Vassal représente sûrement un patrimoine mondial qui mériterait d’être classé !
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