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Y-a-t-il un chauvinisme anti-investisseurs chinois ?
Pourquoi les investisseurs chinois provoquent-ils autant de réactions quand ils achètent des vignobles français, d’autant plus quand ces vignobles sont très prestigieux, parmi les plus chers et … bourguignons ?
Louis Ng Chi Sing vient d’acquérir pour 8 millions d’euros le château de Gevrey-Chambertin, propriété classée du XIIe siècle. Et la France viticole s’émeut de ces transformations du microcosme local.
Pourtant, de tous temps, les propriétés viticoles ont régulièrement changé de mains, au gré des successions notamment, ou du fait de gestions non couronnées de réussite.
Aujourd’hui les viticulteurs français s’émeuvent de voir quelques propriétés viticoles (notamment une vingtaine du Bordelais qui ne sont ni les plus prestigieuses, ni les plus chères) passer dans les mains d’investisseurs chinois, tout particulièrement quand il s’agit comme récemment d’un cru très connu de Bourgogne.
Les viticulteurs bourguignons craindraient une invasion d’investisseurs chinois, qui entraînerait la flambée des prix des terres viticoles. La Bourgogne n’a pas pourtant pas attendu cet investissement chinois pour être le vignoble le plus cher de France. Et la valeur de cet achat pourrait bien ne pas être liée à la nationalité de l’investisseur. N’y-a-t-il pas des investisseurs potentiels dans tous les pays ?
Alors que la presse et la blogosphère commentaient en tous sens ce dernier investissement sino-viticole et les réactions du microcosme viticole français, arrivaient en réaction des commentaires positifs de ceux qui connaissent l’investisseur en question qui fait tant parler de lui. Il serait en effet non dénué de qualités qui pourraient peut-être lui permettre de se faire accepter dans le landerneau franco-viticole : notamment, il aimerait les vins. Que demander de plus ?
Y-aurait-il donc de bons investisseurs qui n’entraînent pas de remous et ceux qui semblent gêner et qui doivent montrer patte blanche. Ces réactions sembleraient en effet démontrer que, pour certains, il existerait des investisseurs étrangers intéressants et bien accueillis et d’autres que la population locale voit arriver avec défiance, obligeant ces derniers à se justifier de leur amour pour le vin et le patrimoine français.
En faisait-on un tel fromage quand les investisseurs étaient allemands, suisses, américains, hollandais ou russes ? Et pourquoi ne s’émeut-on pas plus quand il s’agit de fonds de pensions français ou étrangers, d’assurances, de banques ? Le viticulteur français croit-il qu’avec les banques et les assurances, il y a plus d’amour du vin et du patrimoine ?
Et si on se préoccupait plutôt des investissements dans les vignobles chinois. Car c’est sans doute là qu’est le succès (et le vraie concurrence) de demain. Et c’est bien ça le risque pour les vignobles français : quand Louis Ng Chi Sing revendra le Château de Gevrey Chambertin pour aller investir en Chine dans des vignobles qui seront devenus plus prestigieux.
Bienvenue donc Monsieur Chi Sing qui, en sus du prénom d’un célèbre roi de France réputé pour sa justice, avez choisi de venir participer à notre production viticole nationale !
Nadine COURAUD